Auteur de publication : Jérôme Bonnier – J B Grains SARL
Les professionnels doivent se réinventer tous les ans : il y a eu le covid puis le télétravail, le Brexit, l’année de repos des terres en Israël et désormais, le conflit en Ukraine. Avec toutes ces perturbations, la filière a bien du mal à retrouver un élan. Le conflit en Ukraine fait prendre conscience que notre modèle globalisé de profit, prôné par les géants, peut s’écrouler en un claquement de doigts. Matières premières, gaz, bois, grain, huile, intrants, semences… bien des matières indispensables à notre équilibre passent ou viennent de ce pays. Notre modèle économique d’approvisionnement à bon marché s’effondre. Les producteurs se retrouvent confrontés à un choix économique majeur pour la survie de leurs exploitations : produire des légumes gourmands en main-d’oeuvre (difficile à trouver), matériel, temps, énergie pour la production et la transformation ou se reporter sur des céréales bien rémunérées. Pour certains, le choix a été très vite trouvé, avec la pomme de terre d’industrie et le grain. Prix plus rémunérateurs, conditions de stockage simple et critères de qualité plus souples, les surfaces dédiées à l’industrie progressent et celles dédiées au marché du frais devraient être en baisse. Les exigences de qualité de ce débouché étant de plus en plus draconiennes et de moins en moins rémunératrices, il n’est pas impossible que l’offre se réduise, entraînant un prix de marché plus soutenu, voire très soutenu. En attendant, les ventes en GMS stagnent ou régressent, nos clients espagnols, et italiens importent moins, l’Italie augmente légèrement… Reste à voir l’impact du coût des carburants sur ces
destinations. Si les Ukrainiens ne sèment pas de pommes de terre, ni d’oignons et encore moins de tournesol, tout notre modèle risque d’être très fortement remis
en question. Les plantations de primeurs françaises sont en cours de réalisation. Les premières bretonnes devraient arriver vers le 1er juin. Il est signalé des plantations également en Beauce à mi-mars. Soyons positifs : les populations, déplacées ou non, devront être nourries et la pomme de terre fait tout de même parti de l’alimentation de base. Compte tenu de ces changements, il risque d’y avoir du sport pour trouver des pommes de terre sur le marché libre la saison prochaine.