Auteur de publication : Frédéric Laviron-Roussineau SA
Rarement dans l’histoire du marché du frais que
je partage avec toi, tu ne m’auras laissé aussi dubitatif…
Je ne sais trop quoi penser de toi : ta production européenne
fut limitée et pourtant je t’exporte à un rythme soutenu
en début de campagne vers nos marchés traditionnels
et pays de l’est dont la demande n’a pas faibli ;
tout pourrait me laisser croire que, cette année encore,
ce sera ton année et ton prix reste élevé ; tant mieux !
Mais tu me caches quelque chose… Regarde-moi par
tes lenticelles. Ta qualité est loin d’être exceptionnelle.
Depuis plus d’un mois, la palette de tes prix sur le marché
du frais n’a fait que s’élargir. Je me suis vite aperçu que
la demande en qualité intermédiaire était plutôt faible
et qu’au regard de mes coûts de stockage, je devais vite
me débarrasser de toi.
Les transformateurs te courtisent pour la prochaine
campagne et leur hotte fut bien pleine à Noël.
De ce fait, je ne sais plus quoi planter : plants ? frais ?
industrie ? Et ce qui était une réalité l’année dernière
devient une vraie tendance cette année ;
ta consommation en frais marque à nouveau le pas.
Les contraintes techniques et environnementales
qui pèsent sur ta production (moins de phytos),
la difficulté et les coûts quelquefois astronomiques
pour maintenir ta qualité en frigo et enfin le risque
que tu représentes en termes de marché par rapport
à d’autres cultures, tout cela réuni, peut amener
un changement profond du visage de ta production.
Mais cher tubercule, puisque c’est à toi que je parle,
je crois en toi et sache que les idées ne manquent pas
pour t’adapter, car tes atouts sont exceptionnels :
produit de première nécessité plébiscité par le
consommateur, au vaste marché, à la recherche variétale
dynamique. Tu me fais un peu penser à un bateau
dans la tempête… mais le capitaine est un expert
et connaît la mer.
Alors bon vent en 2023 !
Bonne et heureuse année à vous.